Table des matières
- Un formidable géant
- Une stature athlétique
- Une originaire très lointaine
- Un expatrié malgré lui
- Un père honorable
- Un célèbre acteur fût son hôte
- L’ami de chacun
- Une sempiternelle lutte pour sa survie
- Les coups durs de l’urbanisation
- Les assauts d’Eole
- Atteint dans sa santé
- Né sous une bonne étoile
- Sa préservation
- Une protection sur mesure
- Les investigations
- Avec assiduité et opiniâtreté
- Une aide bienveillante
- Des mesures à son échelle
- Un projet conçu pour et avec lui
- Sous les projecteurs
- Les clés de la réussite
- Les menaces à venir
- Les recommandations
- Les ondes positives de l’avenir
Un formidable géant
Arbre emblématique de
Corseaux, charmant village de la région Riviera-Lavaux au bord du lac Léman en
Suisse, il impacte majestueusement le paysage par son gigantisme et sa
verdoyance persistante en toute saison.
Il symbolise la
force, la hardiesse, la régénérescence, la sagesse et la longévité.
Témoin silencieux de
notre passé, il a observé notre société
et son développement depuis plus de 120 ans.
Sédentaire comme ses
congénères « arbres », il vit au rythme de notre société et en subit
les atteintes dont il porte encore les stigmates.
Herculéen, il a
survécu aux multiples mutations environnementales induites par cinq générations
d’humains.
Arbre au tronc le
plus « épais » du canton, et de Suisse jusqu’en 2004, nul ne reste
indifférent à sa puissante silhouette pyramidale.
Le Géant de
Corseaux est indéniablement un sujet
d’exception à grande valeur patrimoniale.
En été 2019, du haut
de ses trente-cinq mètres, il assistera à sa sixième Fête des Vignerons sur les
douze réalisées depuis 1797.
Une
stature athlétique
Prises de mensurations effectuées en date du 16 octobre 2017 :
Sa hauteur : 35 mètres
Son
diamètre de couronne : 15-16 mètres
Sa circonférence du tronc à un mètre de hauteur :12.55 mètres
Son
diamètre du tronc à un mètre de hauteur : 4.00
mètres
Sa
circonférence du tronc à hauteur de poitrine (130 cm) : 12.00 mètres
Son
diamètre du tronc à hauteur de poitrine (130 cm) : 3.82 mètres
Sa
circonférence du tronc au niveau du collet (au sol) : 14.95 mètres
Sa
périphérie du tronc au niveau du collet (au sol) : 16.05 mètres
Son
diamètre du tronc au collet (au sol) : 4.76
mètres
Son
volume de couronne : 1
758 m3
Son
volume de bois réel du tronc : 213
m3
Sa
masse totale estimée : 170
tonnes
Notre Géant présente une gîte légèrement en
direction du sud-ouest. Toutefois sa stabilité a été vérifiée et s’est révélée optimale.
Une originaire très lointaine
Sequoiadendron
giganteum de son vrai nom, il se présente comme un conifère à écailles, unique
représentant actuel de son genre. Son espèce est originaire des versants
occidentaux de la Sierra Nevada californienne. Le sol y est peu profond,
drainant et riche en matière minérale, le climat humide avec des étés chauds et
de la neige en hiver. On trouve le séquoia géant à des altitudes comprises
entre 1 500 et 2 500 mètres. Dans son habitat d’origine, il peut aisément
atteindre entre 50 et 80 mètres de hauteur pour un diamètre de 6 à 8 mètres et
l’âge respectable de plus de 3 000 ans. De nombreux spécimens sont par
conséquent contemporains de l’avènement de notre ère et de l’empire romain. Par
ailleurs, des fossiles de ses ancêtres datant de 200 millions d'années ont été
découverts par des scientifiques.
Il doit son nom au
chef indien Sequoyah le Cherokee, inventeur de l'alphabet cherokee, qui a donné
son nom à l'arbre en raison de sa force et de sa persévérance.
Sa croissance rapide
se situe entre 40 et 80 centimètres de hauteur par année.
Son développement en
épaisseur de tronc est considérable en comparaison avec les autres arbres.
Pour le profane, son
feuillage ressemble à celui du cyprès. Une odeur d’anis s’en dégage lorsqu’on
le triture. Une multitude d’écailles
pointues et effilées, vertes-grisâtres, de 3 à 15 mm, soigneusement organisées
en spirale autour du rameau, constituent son feuillage.
Son bois de couleur
rougeâtre, bien vif à la coupe, est riche en tanins qui le protègent de la
dégradation par les insectes et les champignons pathogènes du bois. Sa
résistance mécanique est par contre médiocre, comme le démontrent d’ailleurs
les possibles ruptures de branches en cascade lors des épisodes venteux.
Son épaisse écorce fibreuse exempte de
résine, également riche en tanins, peut aisément atteindre une épaisseur de 20
centimètres dans nos contrées, voire jusqu’à 90 centimètres au pied du tronc
des sujets millénaires dans son habitat d’origine. Son apparence peut varier
considérablement d’un sujet à l’autre, allant de parfaitement lisse à
profondément crevassée, avec des motifs linéaires ou spiralés. Elle lui procure
une excellente protection contre les incendies de forêt.
Son système
racinaire se déploie jusqu’à 30 à 40 mètres de son tronc en
fonction de la nature du sol, respectivement de sa rétention en eau. Il est
surprenant de constater que ses racines ne s'enfoncent habituellement
guère à plus d’un mètre dans le sol.
Le premier
témoignage de leur présence dans leur
habitat d’origine remonte à 1833, puis à 1850. Ce n’est toutefois qu’en 1852
seulement que les Sequoiadendron giganteum furent répertoriés et ainsi
« découverts » officiellement.
La communauté
scientifique internationale porta un grand intérêt à ces arbres géants. Dès
1853 déjà, des semences furent acheminées en Europe et dans le monde entier.
Sitôt découvert, il
devint à la mode et chaque parc respectable, tant public que privé, se devait
de posséder son géant toujours vert.
De nombreux
botanistes s’essayèrent à lui trouver un nom. Au total ce ne fut pas moins de
douze noms qui furent invalidés, dont notamment Wellingtonia gigantea, Sequoia
gigantea, Washingtonia californica et
Steinhauera. Ce n’est finalement qu’en 1939 qu’il reçut sa dénomination
officielle actuelle de Sequoiadendron
giganteum.
Un expatrié malgré lui
Notre Géant naît sur
les versants occidentaux de la Sierra Nevada californienne, manifestement vers
1890. Sa graine originelle, de couleur brun foncé, mesurait quatre à cinq
millimètres de longueur pour une épaisseur d’un millimètre seulement !
Elle comportait deux ailes brunes-jaunes de chaque côté lui permettant d’être
disséminée par le vent sur une distance de plus d’un kilomètre et demi.
Elle avait été
libérée par l’un des milliers de cônes ovoïdes de quatre à sept centimètres
portés par son unique arbre-parent, car monoïque (espèce végétale comportant à
la fois des fleurs mâles et femelles sur le même sujet). Ce cône femelle était
constitué de trente à cinquante écailles en forme de losanges aplatis,
arrangées en spirale. Cette fois le verrou de l’écaille avait dû céder à la
persévérance d’un écureuil de Douglas pour manger les écailles fraîches,
libérant du même coup notre graine et ses six à sept semences jumelles.
Toutefois, la majeure partie de ses congénères furent libérés sous l’effet de
la chaleur des incendies et/ou par l’action du Phymatodes nitidus, un insecte
de la famille des longicornes, qui pond ses œufs dans les écailles, ses larves
se nourrissant de ces dernières, ce qui provoque leur dessèchement.
Quelques années plus
tard, il fut soigneusement arraché, puis empoté, cultivé et conditionné en vue
d’être expédié en Europe.
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Cônes femelles
Vert ceux de l'année et marron ceux de l'année précédente
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Détail d'écailles des cônes de l'année
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Détail d'écailles des cônes de l'année précédente
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Un père honorable
Monsieur Félix Cornu
(1841-1920), chimiste réputé, cofondateur et codirecteur de Geigy à Bâle,
bienfaiteur à Corseaux, fait son acquisition, ainsi que celle d’une douzaine de
congénères dans la Sierra Nevada et les ramène en Suisse. Ils ne mesurent alors
qu’un tout petit mètre seulement. Cette douzaine d’arbres-enfants, Monsieur
Cornu les plantera tous en 1893 sur son domaine nouvellement acquis à Corseaux,
ainsi que dans d’autres propriétés de la région, selon feu Monsieur Bernard
Sauvageat, ancien instituteur et archiviste communal de Corseaux.
A l’époque, notre
Géant fut planté dans un champ en légère pente, en bordure d’un chemin de
campagne en terre, actuellement au croisement de l’actuelle avenue Félix-Cornu
et du chemin du Grand-Pin.
Au fil des années
qui suivirent, les routes alentour furent progressivement goudronnées et les
parcelles avoisinantes construites. Le régime hydrique du sol fut grandement
modifié et notre arbre dû s’adapter une fois de plus, tant bien que mal, à ces
nouveaux paramètres.
Il se trouve être le
seul rescapé de sa fratrie. Ses « confrères », après avoir subi les
affres de l’urbanisation, s’affaiblirent, connurent la maladie et au final
dépérirent.
Un célèbre acteur fût son hôte
Il est intéressant
de relever que, dans le courant des années 1950, les enfants du voisinage concouraient pour savoir lequel d’entre eux
grimperait le plus vite pour atteindre sa cime.
En 1957, l’acteur
James Mason (1909-1984), considéré comme l'un des plus grands acteurs britanniques
et hollywoodiens, vint s’établir sur la Riviera sur recommandation de son vieil
ami Charlie Chaplin. Il acheta la parcelle sise au Grand-Pin 2 à Corseaux et
construisit sa maison à proximité de notre Géant. Les constructions des ailes
attenantes à sa maison initiale furent réalisées en 1961, 1962 et 1967.
Situé à quelques mètres du tronc en
direction de l’ouest, un joli ruisseau l’abreuvait, ainsi qu’une source située
à l'est. Ils furent par la suite canalisés. Ces suppressions ont modifié une
fois encore notablement le régime hydrique du sol forçant notre Géant à réduire
sa croissance, le temps pour lui de trouver sans délai d’autres sources
d’approvisionnement en eau et d’y accéder avec ses racines.
Dans le courant de la seconde moitié du 20ème
siècle, le côté aval de notre Géant fut remblayé, certainement afin de créer
une vaste terrasse en gravier sous sa couronne. Le système racinaire original,
de même que les vestiges de la terrasse furent mis à jour lors de nos
investigations.
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Le Géant de Corseaux dans les années 1950.
Photographie transmise par Mme et M. Chantal et Philippe Baechtold.
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L’ami
de chacun
Quelles devaient être belles les fêtes qui
se déroulaient sous sa protection ! Sans parler des apéritifs prolongés,
un verre de chasselas à la main, jusqu’à ce que feu n’embrase le lac.
À la fois solide et sensible, notre Géant
est ce dur au cœur tendre dont la présence rassure, prêtant une oreille
attentive à chacun. Ainsi, à ses côtés, les âmes en peine ont trouvé le
réconfort nécessaire pour faire face au chagrin d’un amour perdu, à la
tristesse d’une disparition ou à l’adversité.
Mais que d’émotions, de joies, de bonheur,
de bien-être et de plaisir furent également vécus sous sa protection par de
nombreuses générations, à côté de son large tronc et sous sa frondaison.
Généreux, il partage sa bonne énergie,
offrant ainsi la force nécessaire à surmonter les épreuves de la vie.
Loyal, il a su garder pour lui les
confidences et les secrets confiés depuis plus d’un siècle.
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Le Géant de Corseaux, et la petite fille, dans les années 1950.
Photographie transmise par Mme et M. Chantal et Philippe Baechtold.
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Une
sempiternelle lutte pour sa survie
Au cours de sa longue existence, il a dû
affronter les nombreuses agressions dont il a été victime.
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Les coupes sauvages exigées pour dégager le gabarit routier
|
Durant toute la belle saison de l’année
1947, il subit sa première période de sécheresse intense.
En 1956, il a vaillamment affronté le fameux
gel qui a vu périr de nombreuses essences trop exotiques sous nos latitudes.
Puis également en 1963, 1985, 1987 et en 2012. Il peut être utile de préciser
que sa résistance au froid peut être évaluée à moins 25°C.
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Le Géant aux prises avec les grands froids. |
Lors d’un orage aux alentours de l’année
1975, un éclair s’abattit sur notre Géant. Foudroyé, il survécut malgré les
dégâts occasionnés. Il lui fallut toutefois de nombreuses années pour panser
ses plaies et sa croissance fut littéralement stoppée nette.
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Les stigmates de la foudre |
Les coups durs de l’urbanisation
L’avenue Félix-Cornu et son carrefour avec
le chemin du Grand-Pin furent réaménagés au printemps 1997. À cette occasion un mur de soutènement en béton fut
érigé à 3 mètres du tronc pour améliorer le carrefour et réaliser un trottoir. Plusieurs de ses racines d’un diamètre d’environ 15 cm furent coupées.
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Le mur et le trottoir construit au pied du Géant de Corseaux |
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Les racines coupées lors de la réfection du carrefour en 1997 |
Il est indéniable que tous les travaux
réalisés aux alentours de notre Géant tout au long de son existence ont
occasionné des dégâts considérables au niveau de ses racines.
Il est toutefois intéressant de constater
que les nombreuses et récurrentes fouilles relatives aux conduites et
canalisations des services industriels présentes dans les chemins ont empêché
tout développement de racines à cette profondeur. Dès lors elles se sont sans
doute enfouies plus profondément pour rechercher eau et nourriture.
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L'urbanisation a succédé aux vertes prairies et à la vigne.
Le bitume a remplacé le chemin de terre.
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Les assauts d’Eole
L’ouragan Lothar en 1999 l’a malmené. Il a
su esquiver les coups fatals assénés ne subissant que quelques ruptures de
branches. À cette occasion sa cime a vraisemblablement été chahutée de sorte
que sa hauteur pourrait être plus haute encore qu’actuellement.
L’incroyable coup de vent du 2 janvier 2001,
et sa puissance dévastatrice dans la région, a couché de nombreux arbres déjà
affaiblis par l’ouragan Lothar, mais pas notre Géant.
Il a résisté à l’exceptionnelle canicule
estivale de 2003 associée à la
sécheresse qui sévissait déjà depuis le printemps.
En 2005, il n’a pas été épargné par les
affres de la tornade de grêle estivale. Son feuillage fut littéralement haché menu. Comme pour de nombreux arbres,
les innombrables blessures infligées par les grêlons géants de 2005 ont été
autant de portes d’entrée potentielles pour les maladies dans l’organisme de
notre Géant.
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Rupture de branches suite aux assauts d’Eole. |
Atteint
dans sa santé
À noter que notre Géant, comme plus de 90 %
des Sequoiadendron, est atteint par la
maladie dite du chancre de l’écorce (Botryosphaeria dothidea et Botryosphaeria
parva) qui inflige des blessures à l’arbre en obstruant les canaux de
circulation de la sève. Les branches se
dessèchent graduellement depuis leur extrémité. L’arbre réagit en produisant de
nouvelles pousses postérieurement au niveau de l’attaque. Au final les branches
sèchent complètement puis c’est l’arbre entier qui meurt. Un tel pourcentage de
sujets atteints s’explique par la virulence du champignon associée à des
conditions climatiques peu propices.
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Les symptômes de la maladie dite du chancre de l’écorce du Sequoiadendron |
Né sous une bonne étoile
Il ne s’agit là que de quelques échos qui
ont traversé les décennies pour nous être contés aujourd’hui par les Corsalins.
Il est évident qu’en plus de 130 ans d’existence sur le site, les histoires et
les anecdotes que notre Géant pourrait nous apprendre ne doivent pas
manquer !
Malgré les atteintes qu’il a subies au fil
des décennies, non seulement par les forces de nature, mais également par le
développement urbanistique, notre Géant a de tout temps bénéficié de la
bienveillance de ses propriétaires et de jardiniers particulièrement bien
intentionnés. Il est manifestement né sous une bonne étoile, car une mauvaise
décision aux conséquences désastreuses peut être prise à chaque instant dans la
vie d’un arbre.
Sa
préservation
Dès la genèse de son projet d’optimisation
tant immobilière qu’énergétique de la maison de James Mason, le propriétaire-développeur
des habitations actuellement en place a eu la saine vision du maintien de notre
Géant.
Sa volonté était de préserver le Géant à
tout prix, à la condition que celui-ci ne représente pas un danger démesuré
pour son voisinage.
Aussi, l’ensemble des connaissances
scientifiques et des moyens techniques actuels furent utilisés au profit de
notre Géant. Le but était de permettre l’évaluation objective de son état
sanitaire, respectivement son degré de dangerosité, puis de mettre en œuvre les
mesures de préservation.
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Avant |
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Après |
Une protection sur mesure
À cet effet, le Concept Opérationnel de
Protection Arboricole Intégré développé par le soussigné a été appliqué.
Ce concept de préservation de notre Géant a
été intégré non seulement dans le processus de construction dès le départ des
premières réflexions et jusqu’à sa finalisation, mais également pour les années
qui suivirent.
Avant le commencement des travaux, une
expertise arboricole complète a débuté en novembre 2011 sur la base d’investigations
administratives et techniques non intrusives. Le premier objectif de cette
expertise a été de dresser l’état du Sequoiadendron giganteum, incluant son
environnement, et de définir son caractère exceptionnel ou non.
Notre rapport d’expertise et notre Concept
Opérationnel de Protection Arboricole Intégré établi par le soussigné, ainsi
que ses mesures à prendre ont été approuvés par l’expert neutre mandaté par la
commune.
Les investigations
Puis, il s’est notamment agi de vérifier ses
états physiologique, statique et physique. À cet effet, il a été procédé à
l’analyse de la partie aérienne et celle souterraine, impliquant notamment
l’établissement du profil pédologique et hydrologique du sol, la réalisation de
l’inspection du houppier, la tomographie du tronc (type de radiographie à onde
sonore non intrusive), la simulation d’un ouragan afin de mesurer sa statique,
sa bonne assise racinaire et la parfaite résistance de son tronc.
Dans la foulée, l’optimisation des soins et de la maintenance permettant
d’offrir des conditions favorables ont été mises en œuvre telles que
surveillance visuelle hebdomadaire, taille sanitaire et d’allégement, haubanage
des branches charpentières à risque, fumure, arrosage, intervention
phytosanitaire, etc.
Toutes les interventions aériennes ont été
réalisées selon les techniques de grimpe en arbre agréées, sécurisée par du
matériel, harnais et cordages homologués.
Avec assiduité et opiniâtreté
Dans le cadre du Concept Opérationnel de Protection
Arboricole Intégré, un contrôle hebdomadaire du sujet a été réalisé par un de
nos spécialistes durant cinq ans, du 16 avril 2012 au 27 février 2017. Chaque semaine une photographie du sujet a
été prise depuis des emplacements fixes, situés aux quatre points cardinaux,
afin de documenter son évolution au cours des mois et des années.
Afin de garantir un suivi optimal de l’arrosage, des sondes « tension métrique » mesurant la quantité d’eau disponible dans le sol pour l’arbre ont été installées. Les données ont été relevées hebdomadairement d’avril 2012 jusqu’en février 2017 par nos soins.
Afin de garantir un suivi optimal de l’arrosage, des sondes « tension métrique » mesurant la quantité d’eau disponible dans le sol pour l’arbre ont été installées. Les données ont été relevées hebdomadairement d’avril 2012 jusqu’en février 2017 par nos soins.
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Sondes « tension métrique » |
Une
aide bienveillante
La technique dite des « puits
catalytiques » non intrusifs a été employée en nombre afin de garantir la
bonne infiltration de l’eau, d’apporter les compléments nutritifs dans le sol à
proximité des racines nourricières et de garantir les échanges gazeux entre le
sol et l’atmosphère.
La couche supérieure du sol a été
reconstituée afin d’offrir les caractéristiques d’un sol forestier humifère
particulièrement favorable au développement des arbres.
Des
mesures à son échelle
Un paratonnerre a également été installé
afin d’éviter tous risques inhérents à la foudre pour les usagers du domaine
public, les voisins et les habitants des nouvelles résidences.
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Paratonnerre |
Avant le début des travaux, des zones de
protection au sol et aérienne ont été définies et interdites à toute
circulation, passage, entreposage, déversement et écoulement de liquide, au
moyen d’une palissade fermée de 2 mètres de hauteur. Ceci afin d’éviter tout
dommage au tronc, branches, feuillage, racines et sol, ainsi que pour éviter le
compactage et la pollution du sol.
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Palissade fermée de 2 mètres |
Le principe de protection du Géant a même
été intégré aux conditions générales du chantier signées par les entreprises,
ces dernières s’engageant ainsi formellement à le préserver et à prendre toutes
les mesures nécessaires dans le cadre de leurs activités.
À cet effet, les cadres et les
collaborateurs des différentes entreprises sur le chantier reçurent une
formation et des instructions spécifiques en vue de sa préservation.
Un projet conçu pour et avec lui
Lors de l’excavation pour les bâtiments et
lors des fouilles à proximité de l’arbre, aucune racine de plus de cinq centimètres
ne fut coupée. Un matelas pédologique fut constitué sur les parois des
excavations afin de stimuler l’apparition de radicelles.
Il peut être utile de préciser que durant
les travaux, ainsi qu’à l’issue de ceux-ci, les mêmes interventions d’entretien
et de maintenance ont été poursuivies, de même que la simulation d’ouragan,
afin de déterminer une éventuelle péjoration de la statique de notre Géant.
Les aménagements extérieurs du jardin prévus
ont été adaptés et réalisés en parfaite adéquation avec les recommandations
édictées par nos soins à cette intention.
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Excavation pour le bâtiment le plus à proximité du Géant |
Sous
les projecteurs
Notre Géant
fait toujours l’objet de toutes les attentions et tout particulièrement
lors des inspections hebdomadaires.
Un point essentiel fut la communication et
plus encore le dialogue avec le voisinage et les Corsalins, afin de les informer régulièrement de la situation et des
interventions en cours.
Les médias, renseignés dès les premiers
instants en toute transparence, participèrent grandement à cette information
citoyenne. Nous ne pouvons que les en remercier très chaleureusement.
Au total ce ne furent pas moins de cinq articles qui furent rédigés dans la presse écrite et un reportage fut réalisé à
la télévision nationale.
Les
clés de la réussite
Les trois éléments essentiels qui ont permis
la préservation de notre Géant sont :
1. La
volonté inébranlable de maintenir cet arbre monumental par l’ensemble des
acteurs, tant les Corsalins et les autorités communales, que le propriétaire-développeur
du projet.
2. L’engagement
inconditionnel du propriétaire-développeur du projet et les moyens financiers
engagés en faveur de notre Géant.
3. L’intégralité
des connaissances scientifiques et des moyens techniques actuels mis en œuvre
au profit de notre Géant.
Les
menaces à venir
La principale menace à laquelle notre Géant
devra faire face est le changement climatique et ses corollaires.
Sa plantation à basse altitude s’ajoute à la
problématique. En effet, celle-ci ne permet pas de répondre aux besoins
physiologiques de l’espèce qui se développe naturellement à une altitude bien
plus élevée, entre 1 500 et 2 500 mètres.
La nature du sol joue également un rôle
considérable, sachant que l’espèce évolue dans des sols drainants et minéraux,
alors que les sols dans nos contrées sont en majorité argileux, lourds et
asphyxiants.
L’eau naturellement présente dans les sols a
également tendance à diminuer. La cause est liée à l’étanchéification des sols
et au faible taux de réinfiltration des eaux pluviales tombées sur les surfaces
carrossables et le domaine bâti.
Les étés caniculaires plus fréquents, les
périodes de sécheresses rapprochées, l’élévation générale des températures et
la diminution du taux d’humidité de l’air engendrent un écart toujours plus
important entre les conditions de vie idéale du Sequoiadendron et la réalité
climatique du site.
En ces périodes de
« reparamétrage » de notre climat par la nature, le gel tardif plus
fréquent présente également un défi supplémentaire pour notre Géant.
Les tempêtes, toujours plus fréquentes et
plus destructrices, mettent en péril l’intégrité de la couronne, soumise à des
risques de ruptures de branches en cascade.
Tous
ces facteurs induisent un affaiblissement de l’arbre qui devient ainsi
plus sensible aux parasites et aux maladies, notamment le chancre de l’écorce
évoqué précédemment qui se développe bien plus rapidement lorsque les
températures dépassent les 25 °C. La menace est bien réelle, mais nul ne peut
toutefois dire comment la maladie évoluera,
si elle lui sera fatale et le cas échéant à quel moment. Et surtout si
des moyens de lutte novateurs verront le jour.
Notre mandat a pris fin avec le terme de la
construction et la constitution de la PPE. Aussi nous formulons le vœu que nos
successeurs poursuivent dans la voie ouverte, avec compétences, haute probité
et assiduité afin que perdurent le Géant de Corseaux.
Les
recommandations
Bien évidement, la bienveillance dont a
bénéficié notre Géant jusqu’à présent devra se perpétuer dans le futur.
Ainsi, les travaux et projets réalisés aux
alentours devront impérativement respecter l’intégrité de notre Géant et ses
besoins afin d’assurer sa pérennité.
Il s’agit notamment de projets
urbanistiques, de travaux de génie civil tels que fouilles et routes
avoisinantes, passage de lignes aériennes et de l’aménagement du jardin dans
les zones d’intimité et de périmètre personnel du sujet.
À cet effet, toutes excavations dans son
environnement proche seront proscrites et son système racinaire sera
systématiquement épargné.
Depuis peu, on a la confirmation
scientifique que les arbres d’une même espèce, mais pas exclusivement,
interagissent entre eux, reliés tant par l’atmosphère qu’au moyen de leurs
systèmes racinaires et du réseau mycorhizien des champignons du sol. Véritable sentier biologique, il est appelé
«Wood Wide Web» ou l'intelligence branchée des arbres. Ainsi, il est avéré que
non seulement les arbres communiquent entre eux, mais qu’ils s’entraident,
coopèrent, se protègent, se défendent contre les agresseurs, échangent des
messages et même complètent leurs éléments nutritifs. Sachant cela, notre
Séquoia Géant semble par conséquent bien
seul. La plantation d’autres Sequoiadendron dans un environnement proche lui
serait très certainement bénéfique et permettrait d’assurer sa relève.
Les
ondes positives de l’avenir
Nous remercions chaleureusement le
propriétaire-développeur du projet de sa confiance et de son engagement sans
faille pour ce Sequoiadendron Géant extraordinaire. Ce fut un honneur pour mes
collaborateurs et moi-même d’être associés à la préservation de cet arbre
monumental.
Nous avons eu le grand privilège de mettre
en œuvre sa protection en stricte conformité avec des règles de haute probité
professionnelle, dans le plus grand respect des règles et des normes en
vigueur, ainsi qu'en l'état actuel de l'art, soit en l'état des connaissances
modernes existantes et des techniques professionnelles du moment. Tout ce qui
pouvait être entrepris pour le préserver a été entrepris.
Nous espérons que les propriétaires actuels,
et les suivants, percevront avec la même intensité les ondes positives qu’ont
ressenties Messieurs Félix Cornu, James Mason et Schmidt au contact de cet
arbre exceptionnel dont l’éclat rayonne depuis plus de 130 ans. Nous les
encourageons vivement à appliquer dans les règles de l’art l’ensemble des
mesures préconisées, avec passion, compétence et savoir-faire, afin d’assurer
sa pérennité pour les générations futures.
Le Géant de Corseaux fait partie intégrante
du patrimoine régional. À ce titre il doit impérativement bénéficier de toute
l’attention requise et de l’intégralité des soins nécessaires permettant
d’assurer sa longévité dans les meilleures conditions possibles.
Il est tout aussi impératif d’avoir une
vision orientée vers le futur par la planification urbanistique dans le but
d’offrir aux générations montantes des arbres d’exception comme notre Géant,
vivant et durable. À cet effet, il se révélerait judicieux de planter d’autres
Séquoias Géants, ainsi que d’autres grands arbres pour nos descendants.
Nous formulons tous nos meilleurs vœux de
prospérité au Séquoia Géant de Corseaux à qui nous souhaitons une belle et
longue existence. Qu’il soit préservé des ouragans, que la maladie l’épargne et
que les activités urbaines le ménagent !
Stéphane Krebs
Maître paysagiste M+F
Expert paysagiste & arboricole
JSvd
Sources :
Extrait
de la page relatif au texte rédigé Monsieur Bernard Sauvageat, instituteur à
Corseaux, consultée sur le site internet http://www.corsalum.ch/?p=151
Mme et
M. Chantal et Philippe Baechtold, à Corseaux.
Expertise
arboricole du Séquoia Géant de Corseaux - Stéphane Krebs
Concept Opérationnel de Protection Arboricole Intégré -
Stéphane Krebs
Article
de presse du Régional daté du 8 au 15 février 2012
Article
de presse du 24 Heures daté du 2 mars 2012
Article
de presse du Corsal Info de mai 2012 http://www.corseaux.ch/net/com/5883/Images/file/Corsal_infos_mai_12.pdf
Article
de presse du Coopération daté du 5 mai 2014 (le séquoia de Corseaux est
mentionné et il y a une photo avec l’auteur du livre inventaire d’arbres géants
de Suisse) (http://www.cooperation.ch/Arbres+geants )
Article
de presse du 24 Heures daté du 29 août 2014
Article
de presse du 24 Heures daté du 3 septembre 2014
Emission
« Couleurs Locales » de la RTS du 18 septembre 2017
je suis tres contente de voir que quelqu'un s'en occupe de l'histoire de "notre" sequoia. je m'inquietais de voire les constructions recentes dont elle a du subir les consequences. j'espere que corseaux continuera de veiller sur sa bien-etre. heather gavin
RépondreSupprimerChère Madame,
RépondreSupprimerNous avons bien reçu votre aimable message et nous vous en remercions très chaleureusement.
Nous pouvons vous confirmer que la commune de Corseaux se préoccupe au plus haut point de son "Géant".
Pour notre part comme évoqué ultérieurement dans ce conte, notre mandat s'est terminé avec la vente des appartements et la constitution de la PPE.
Bien évidemment, nous restons à votre entière disposition pour tous renseignements complémentaires.
Nous vous souhaitons, chère Madame, d'agréables Fêtes de fin d'année, un Joyeux Noël, ainsi qu'une Bonne et Heureuse Année 2018, que celle-ci et les nombreuses suivantes répondent à toutes vos attentes.
Bien cordialement
Vos dévoués experts paysagistes
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